Réécriture des 3 petits cochons

TEXTE N°1

Il y a bien longtemps, au royaume de Cochonnaille, un loup a dévoré deux petits cochons. Leur frère est parvenu à le piéger et l’a mangé. C’était la première fois qu’un cochon tuait un loup et en plus le mangeait tout cru. Fort de cet exploit, le cochon s’est proclamé roi, sous le nom de Cochonou 1er et a juré d’exterminer tous les loups pour venger ses frères. La dynastie des Cochonous, tueurs de loups, commençait.

Depuis cette époque on commémore encore aujourd’hui la guerre des trois petits cochons. Leurs reliques sont portées en procession dans la ville. Puis le roi fait un discours depuis le balcon de son palais et prête serment de tuer tous les loups. Ensuite il enfile ses charentaises et saute tout nu dans le massif de cactus sacrés situé sous le balcon, en criant « mort au loup ». C’est la tradition, pour être roi des cochons. Il y aurait, dit-on un lien entre ce rite ancien et la ruse autrefois employée par Cochonnou 1er pour piéger le loup. Mais les historiens ne sont pas d’accord et depuis des siècles le Conseil Supérieur des Sages débat sans fin sur l’interprétation à donner à cette tradition. Quoi qu’il en soit, la cérémonie se poursuit par la danse des canards et l’épilation des fesses du roi pour lui retirer les épines de cactus. Puis tout le monde chante en chœur la Cochonnaise en faisant tourner les serviettes.

Après des siècles de chasse intensive, le loup a disparu du royaume de Cochonnaille. Pourtant cette coutume se maintient même si de mémoire de cochon personne n’a aperçu l’ombre d’un loup depuis des centaines d’années. Une rumeur persiste aussi qu’un loup vivrait encore dans les montagnes de Canteloup mais personne n’y croit. De nos jours, la plupart des cochons pensent que le loup est un animal imaginaire comme la licorne, le yéti des neiges ou l’éléphant rose.

Et pourtant, un grand loup blanc, mène une vie tranquille dans les montagnes avec sa famille. La légende des cochons tueurs de loups lui est parvenue et c’est un bon sujet de plaisanterie lors des repas de famille ou pour faire peur aux enfants .

Comme tous les loups, il est végétarien, tendance végane. Il cultive son potager en permaculture, composte ses déchets et fait pousser des fleurs. Tous les ans à Noël, il fait quand même un petit écart de régime.  Il descend des montagnes, attrape un petit cochon et le fait rôtir avec un bon gratin de chou-fleur. C’est une recette familiale délicieuse. Personne ne s’aperçoit de la disparition du cochonnet et surtout personne ne l’a jamais pris sur le fait.

En cette fin d’année morose, les cochons survivent péniblement dans le meilleur des mondes. Sa Majesté Cochonou 451, l’arrière arrière arrière… descendant de Cochonou 1er, est vieux, malade et fatigué mais il ne veut pas céder son trône. Si un de ses trois enfants lui rapporte la queue du dernier loup, il promet de prendre sa retraite.

La fille aînée du roi, Cochon-elle, endosse l’armure de son héroïne Wonderpig ; armée d’un pistolet chargé à la poudre d’escampette, elle fera sauter la cervelle du loup. Son frère, Cochon-il, enfile la tenue de Superpig, son héros favori ; il bombardera le loup avec de la poudre de perlimpinpin jusqu’à l’étouffer. Cochon-iel, quant à iel, décide qu’iel improvisera quand iel verra le loup. Tous trois prennent la route vers les montagnes de Canteloup en passant par la Gorge des trois Cochonnets.

Personne ne les a revus. Mais, cette année-là, sur la table de Noël du loup, il y a deux petits cochons grillés et un grand plat de chou-fleur au gratin parfumé à la poudre de perlimpinpin. Cochon-iel, qui a été recueilli.e par le grand loup blanc, s’est bien régalé.e ; iel en a repris trois fois.

TEXTE N°2

Petite fiction géopolitique

C’est l’histoire de trois petits pays, face à la mer baltique, alignés par ordre alphabétique : l’Estonie, la Lettonie et la Lituanie ; ils sont heureux d’avoir retrouvé leur indépendance dans les années 90, indépendance qu’ils avaient acquise au début du 20eme siècle  puis perdue pendant la 2ème guerre mondiale. Aujourd’hui, chaque pays a développé une société démocratique dans un esprit moderne, avec différents atouts : la situation géographique, la qualité des infrastructures et aussi un haut degré de formation. Ils font partie de l’Europe et de l’OTAN depuis le début des années 2000.

Mais leur grand pays voisin est la Russie : le mage du Kremlin, qui la dirige, regarde de travers ces trois petits rebelles qui semblent prôner la vie démocratique à l’occidentale.

L’Estonie est quelquefois appelée la silicon valley de l’’Europe mais pour le mage du Kremlin, l’Estonie n’est pas vraiment un pays mais une simple province russe ; et de surcroit, elle est gouvernée par une femme ! Celle-ci complote, tient des propos diffamants contre la Russie ; alors, on la fait taire, en la mettant en prison et en la remplaçant par un homme dans la ligne du parti. Effrayés et craignant le pire pour leur avenir, de nombreux estoniens se réfugient en Lettonie.

Et pourtant, en Lettonie, le vent est aussi en train de tourner ; le gouvernement est victime d’un coup d’état, qui met au pouvoir un ami du mage ! Aussitôt, les nostalgiques de l’époque démocratique et tous ceux qui en ont la possibilité s’enfuient en Lituanie.

La Lituanie résiste mais tremble en voyant ses voisins maltraités. La révolte monte et s’organise avec les réfugiés des deux pays frères ; l’objectif est d’arrêter cette invasion russe et de retrouver sa liberté, en fomentant un coup d’éclat à l’encontre de l’envahisseur.

Dans le grand pays russe, la colère gronde aussi car les élections sont truquées ; le peuple descend dans la rue pour manifester son mécontentement ; la révolution est lancée, attisée par les rebelles venus des pays baltes !  Il s’ensuit un grand désordre… à tel point que, au Kremlin, on ne sait comment, le mage est victime d’un empoisonnement ! Ce qui semble incroyable tant il est vigilant ! Alors, la situation bascule et un nouvel ordre va se mettre en place.

Dans les trois pays baltes, on en profite pour faire tomber les gouvernements pro-russes et on rétablit les dirigeants emprisonnés ; les réfugiés reviennent sur leurs terres et la société repart dans sa belle marche démocratique !

La fin de cette petite fiction géopolitique nous a tous fait un peu rêver ! mais elle reste des mots écrits sur une feuille, si loin de la réalité…

TEXTE N°3
Les triplés                                                   

Écouter cette histoire que je m’en vais vous conter.
Elle passe en Dordogne chez les Pétrocoriens.

C’est l’histoire de frères et sœurs,

nés le même jour.
pas un, ni deux, mais trois………. des triplés.
Tous petits déjà, très différents leurs comportements,
en grandissant, augmentaient leurs différences.

Le premier, le plus petit que nous appellerons Jonathan,
le second portera le nom de Côme,
et enfin l’ainée, (dernière-née) une  fille sera prénommée Pacôme.
Jonathan n'était jamais pressé, comme son prénom l’indique

il aurait pu s'appeler Charles.
Même en été il attendait le dégel,
Il procrastinait,
remettait toujours à demain sa part de travaux domestiques
à l’école ses devoirs étaient faits,
mais plus tard.

Le second garçon lui faisait tout Côme il faut.
Il aidait aux tâches ménagères,
sans jamais rechigner,
toujours premier en classe,
toujours prêt à rendre service.

Quant à la fille, elle n’était Pacôme les deux autres.
Devenue une belle jeune fille,
la maman étant souvent alitée,
c’est Pacôme qui veillait sur la vie de la  maisonnée,
qui gérait les tâches quotidiennes,
qui préparait les repas.
Voilà pourquoi elle n’a jamais pensé à se marier.
C’était le pilier, le roc sur lequel s’appuyait la fratrie
Chacun de ces triplés avait sa particularité.
L’avenir nous dira ce qu’il adviendra de cette famille.
Mais cela est une autre histoire qui vous sera contée.

TEXTE N°4

Il était une fois, dans un monde de liens et de créations, une pelote de laine. Ronde, fournie, brillante et admirée.

Elle laissa un jour s’échapper 3 fils, un petit, un moyen et un long et leur dit : Trouvez-vous un crochet, une aiguille à coudre ou une aiguille à tricoter, mais méfiez-vous du découd-vite, car sa pointe acérée vous déchirera sans la moindre pitié.

Le plus grand sûr de sa force et de sa taille, voulait que sa beauté soit unique et ne voulait pas s’embarrasser d’autre fils moins brillants. Il alla donc voir un crochet qui fit de lui un bracelet vite exécuté et bien attaché. Hélas, le bracelet subissait moult frottement et commença vite à pâlir, puis s’effilocher. Le découds-vite finit donc de le défaire et le fil fut complètement déchiré puis jeté.

Le moyen, plus malin, voulut rejoindre d’autres fils, mais moins forts que lui, afin de les dominer. Il trouva une paire d’aiguilles à tricoter qui s’agitaient et construisaient un grand projet. Il s’incrusta, ravit de parader, sur d’être essentiel, mais il fut tant rétif qu’il s’emmêla. Alors le découds-vite se jeta sur lui il fut complètement déchiré puis jeté.

Le plus petit quant à lui, fit preuve de patience et de modestie. Il ne rêvait pas de grandeur ou de force. Il voulait simplement rejoindre d’autre fils et former quelque chose de joli. Il rencontra simple une aiguille à brode. Elle l’entraina sur un carré de tissu immaculé et fit patiemment de lui une petite fleur tellement brillante, belle et délicate, qu’on l’encadra. Et jamais le découds-vite ne l’approcha.

TEXTE N°5

Un pou teigneux régnait, en maître incontesté,
Sur une bergerie qu’il avait infestée.
Le troupeau de moutons tremblant et apeuré,
Se pliait sans broncher à ses trois volontés.
L’ordre devait régner, il l’avait décidé.

Pour asseoir son pouvoir, il plaçait ses copains,
Parasites soumis, mafieux et corrompus,
Une caste nantie qui saignait le pays.
Fallait pas s’embrouiller avec le Roi des Poux,
Ça finissait toujours par un accident fou.

Dans un cagibi gris, jouxtant la bergerie,
Les poux grouillaient, tapis dans la pénombre.
Quand il était petit, lui-même avait grandi,
Dans ce noir cagibi aussi gai qu’une tombe.
Par ruse, coups tordus et manipulations,
Il en était sorti « Roi des Poux, Grand Morpion ».

L’armée des poux traquait les traîtres d’opinions,
Écoutant sans répit la tête des moutons.
Ils avaient démasqué, « Mouton Contestation »,
Éliminé « Mouton Justice et Équité ».
Le « Mouton Liberté » était très surveillé.
Il cessait de penser, quand un pou approchait.
Moutons ne pensaient plus, craignant la délation
Qui conduit en prison puis à l’exécution.
La presse muselée et ses propagandistes,
Permettaient de penser, ce qu’il fallait penser.

Obsédé de grandeur, Roi des Poux voulait tout,
Et surtout s’emparer d’un champ de blé doré,
Que jadis ses aïeux avaient tant dévasté.
Il était habité par des Mulots guerriers,
Conduits par un comique, acteur de cinéma.
Leur pays s’étendait, des plages ensoleillées,
Aux mines de charbon et au grand champ de blé.

Roi des Poux prit d’abord les plages ensoleillées.
Puis les mines de charbon, à l’Ouest, sont annexées.
Pas de protestation de la Communauté !
Il pouvait maintenant, promptement attaquer,
Le champ de blé doré si longtemps convoité.
Dénazifier ce champ, c’était là son programme.
En trois coups de kalash, la messe serait dite !
Nul ne comprenait bien l’ « opération spéciale »,
Mais tous avaient saisi qu’il fallait tout brûler.

Ayatol Turban-Fou et Kim Jong Le-Dingo
Étaient ses seuls amis assez fous pour l’aider.
Impatients et heureux de partir guerroyer,
Ils allaient lui prêter certains de leurs jouets,
Pour ramasser du blé, et chasser le Mulot.
Puis ils saccageraient, ailleurs et au-delà.

Après deux ans de guerre, Mulot des blés résiste.
Serait-il un guerrier plus valeureux qu’un pou ?
Le « Mouton Liberté » serait-il enragé ?
Roi des Poux s’interroge : mur de Berlin tombé...,
Puis l’Union Soviétique bien vite disloquée...
La terreur n’agit plus ! Allait-il trébucher,
Sur cette étrange idée, appelée Liberté ?